Pascal Feinte

Le travail de Clara Ettedgui est délicat et subtil. Cette peinture sur papier a été choisie dans son atelier parisien par un après-midi gris de fin septembre. La conversation avec Clara Ettedgui est dynamique. Sa voix est à la fois chantante et assurée, mais dans ses vibrations c’est aussi toute la sensibilité que l’on retrouve couchée sur ses papiers peints dans l’intimité de son atelier.

La qualité du papier utilisé n’est pas un détail. Arrivé d’Asie, ce papier est déroulé : il doit se détendre et s’exprimer avant de pouvoir être rencontré. D’un point de vue métonymique, le papier a un registre large qui va du déchet, papier gras ou rebut aux papiers d’identité et à ceux qui scellent et symbolisent les différents moments d’une vie.

Née à Marrakech, elle connaît depuis toujours l’importance de l’inscription, celle de l’identité. Marrakech c’est la couleur à profusion pour qui connaît le souk des tanneurs, des teinturiers ou bien encore la villa Majorelle et son fabuleux bleu. Du bleu pétant de la villa aux nuances infinies des couleurs et lumières des jardins de la Ménara, il n’y a que quelques centaines de mètres. Entre deux rives, celle du Maroc et celle de la France, Clara Ettedgui étudie à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dont elle est diplômée.

Clara Ettedgui peint. Telle une empreinte visuelle colorée, la rémanence quasi rétinienne d’une situation, d’une émotion lui impose le geste de laisser une trace sur papier. Le papier mouillé par la couleur va se crisper ou se détendre, un ravinement s’opère. Des effets de sfumato bordent de-ci de-là des pleins et des vides. Du papier japonais au ruissellement c’est un peu de la plaine de Sibérie de Lituraterre qui défile sous nos yeux.

 

Pascal Feinte

Sans titre, Mai 2006, Acrylique sur papier, 69,4 x 76,6 cm - © Clara Ettedgui - CE2006-0005

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Alain Chardon